Un buteur, une meilleure culture tactique, son capitaine... il a manqué trop de choses au Ghana pour aller au-delà de la demi-finale (battu 1-0 par le Cameroun) de la Coupe d'Afrique (CAN-2008) qu'il organisait.
Essien sous-employé
Le meilleur joueur des Black Stars, Michael Essien, a joué plus d'une heure au poste de défenseur central contre le Cameroun, pour pallier l'absence du capitaine John Mensah, suspendu. L'homme de Chelsea sait tout faire, mais il a gâché ses extraordinaires qualités de passeur et de puncheur - et même de buteur (2 dans le tournoi) - en restant si loin du but de Carlos Kameni.
Une fois mené, le sélectionneur Claude Le Roy l'a fait monter, mais trop tard.
Manque de maturité tactique
Cette situation éclaire le rôle vital d'Essien chez les Black Stars. Il ne restait que Sulley Muntari comme joueur de classe mondiale. Mais il est passé à côté d'une demi-finale qu'il a terminée en larmes, soulignant la dépendance des Ghanéens à Essien et le vide tactique causé par son exil dans sa surface.
Les Ghanéens vont sans doute aussi longtemps regretter de n'avoir pas appuyé sur l'accélérateur avant l'heure de jeu, ou les raids trop solitaires de Quincey Owusu-Abeyie. Cette indécision tranche avec la science tactique des Camerounais qui se sont tenus à leur plan (défendre et exploser en contres) et ont marqué sur une merveilleuse contre-attaque.
Une paire d'attaquants incomplète
Le Ghana compte deux bons attaquants complémentaires, mais incomplets. Il leur manque la première chose qu'on demande à un avant: marquer. Asamoah Gyan, blessé contre le Cameroun, a de très élégantes prises et conduites de balle, Junior Agogo peut déménager trois pianos en cinq minutes, mais tous deux manquent d'adresse devant le but.
Les absences
Claude Le Roy "assume", mais se retranche aussi derrière les absences pour expliquer la sortie de route prématurée de son équipe. "Le capitaine Stephen Appiah s'est blessé avant le tournoi, John Mensah était suspendu, Asamoah Gyan déclare forfait la veille du match, Laryea Kingston pendant l'échauffement... Ca fait beaucoup", soupire-t-il.
Certes, mais ces contre-coups, qui ne constituent pas une énorme surprise et donc une malchance noire au cinquième match en 20 jours d'une compétition jouée sous une forte chaleur, soulignent une des différences entre Black Stars et Lions Indomptables. "J'ai le meilleur banc de la CAN", assure Otto Pfister. Celui de Claude Le Roy n'a pas soutenu la comparaison.
Trop de confiance
Les Ghanéens n'ont pas été aidés dans leur préparation par l'enthousiasme du public, de la presse ou même du président de la République, John Kufuor.
"C'est la presse qui a perdu le match, ce n'est pas de la faute du coach ni des joueurs, a dit Pfister. Depuis des jours, les journaux ne parlent que de la victoire finale, les hommes politiques, le président..."
Le Roy a peut-être aussi brouillé les pistes en s'évertuant à présenter Mensah comme "un des cinq meilleurs défenseurs au monde en terme de potentiel" ou Asamoah Gyan comme un émule d'Eto'o ou Drogba.
Mais la Fédération ghanéenne lui a proposé vendredi de prolonger son contrat jusqu'en 2010, pour faire encore progresser cette équipe.