Qui accompagnera le pays organisateur au deuxième tour de cette CAN 2006 ? Tel est déjà l'enjeu de ce match choc entre deux sélections en quête de certitudes. De retour sur la scène continentale apres plusieurs années d'absence, les Éléphants de Côte d'Ivoire se présentent au Caire auréolés d'un prestige grandissant et d'une étiquette de "mondialiste". À en croire leur vieux routier de sélectionneur, le Français Henri Michel, la perspective du Mondial en Allemagne ne rend pas service à son équipe : "On ne peut pas faire d'essais lors de la CAN, personne ne le permet. Il y a trop de pression. En cas de résultat négatif, il y a des retombées médiatiques et populaires immenses." Henri Michel en est conscient, il joue sa tête a l'occasion de cette Coupe d'Afrique. Pour aller loin, la Selephanto devra confirmer les progrés dans le jeu collectif affichés à l'occasion des matches de préparation disputés récemment contre l'Italie (1-1) et la Roumanie (2-1). Le coach francais devra réussir l'osmose entre les "Académiciens", issus de l'école Guillou, et les autres joueurs. Autour de l'incontournable et charimatique Didier Drogba, les Éléphants devront donner le meilleur d'eux-mêmes pour passer le cap du premier tour. Ils ne pourront pour cela compter sur leur virevoltant attaquant Aruna Dindane, durement endeuillé par le décès, survenu l'avant-veille de la compétition, de sa fille, agée de quelques mois. Ce drame aura t-il pour conséquence paradoxale de souder les Elephants ? On en saura davantage dès la rencontre face au Maroc, une sélection bien connue d'Henri Michel, qui l'a dirigée cinq années durant. Cette stabilité n'est plus aujourd'hui qu'un lointain souvenir pour les Marocains, qui viennent de connaître deux changements d'entraîneur en l'espace de deux mois. Désigné pour succéder a Badou Zaki, le Francais Philippe Troussier a demissionne au bout de quelques semaines. L'ancien coach des FAR Rabat, le Marocain M'Hamed Fakir, a repris le flambeau à moins d'un mois du debut de la CAN. Cette extrême tension en coulisses n'a pourtant pas empêché les partenaires de Marouane Chamakh de faire une excellente impression lors des matches de préparation, ponctués par un festival offensif contre les Simba de RD Congo, balayés 3-0. Éliminés de la Coupe du monde par le frère ennemi tunisien, qui leur avait déjà barré la route du sacre lors de la CAN 2004, les Lions de l'Atlas font figure de fauves blessés. Mais en Afrique on sait bien que ce sont souvent les plus redoutables.

Patrick Juillard