Le tenant du titre égyptien, à la recherche d'un doublé et d'une sixième couronne de champion d'Afrique, tentera, dimanche à Accra, d'asseoir sa suprématie sur le continent en finale de la CAN-2008 face à l'inusable Cameroun, toujours debout malgré les critiques et son parcours chaotique.
Le Ghana a rêvé durant près de trois semaines d'une dernière confrontation entre ses Black Stars et la Côte d'Ivoire de Didier Drogba. Quoi de plus naturel pourtant que de retrouver pour cette ultime bataille deux puissances africaines incontournables qui cumulent à elles deux 9 victoires à la CAN (5 pour l'Egypte, 4 pour le Cameroun)?
Mais si les Pharaons peuvent bomber le torse après leur démonstration de force en demi-finale face aux Eléphants ivoiriens (4-1), les Lions Indomptables abordent la finale en bêtes blessées tant leur survie dans la compétition tient presque du miracle après une première défaite en forme d'humiliation contre... l'Egypte (2-4).
Le quart de finale remporté en prolongation face à la Tunisie (3-2) puis le succès arraché en fin de match aux dépens du pays organisateur ghanéen (1-0) a toutefois prouvé les ressources d'un groupe qui, à défaut de briller, a gardé intactes dans ses gènes le goût du combat et de la compétition des légendaires Lions Indomptables.
Mental contre collectif
Eto'o n'est pas tout à fait le même que celui qui illumine chaque semaine le Nou Camp à Barcelone mais a déjà inscrit cinq buts (dont 3 penalties) et s'est emparé du record du nombre de buts inscrits dans toute l'histoire des Coupes d'Afrique (16). Song, pour sa 7e participation à une CAN à 31 ans, n'a, lui, plus ses jambes d'antan mais reste précieux par son placement et son rôle de chef de meute des Lions. Le Cameroun ne brille pas mais a gardé son âme.
A cette force mentale, l'Egypte oppose le jeu collectif le plus huilé des 16 participants et des manieurs de ballon hors pair. Le meneur Abou Treika et sa fine technique, Zidan et sa frappe de mule, et le déroutant attaquant Fathy sont les têtes d'affiche d'une sélection dont les arrières sont également assurées par une défense de fer (le trio Saied, Gomaa, Shady), dirigée par l'infranchissable gardien El-Hadary, qui a fini par écoeurer le grand Drogba en demi-finale.
Le souvenir de la claque monumentale du premier match du groupe C pèsera toutefois forcément sur le déroulement de la finale. L'Egypte possède un avantage psychologique indéniable mais nul doute que le rusé Otto Pfister a dû revoir plusieurs fois la rencontre pour chercher une parade et ne pas revivre le même cauchemar.
Stimulant
Info ou intox? Son homologue égyptien Hassan Shehata estime que ce résultat est forcément un bon présage pour ses joueurs.
"Le Cameroun est une grande équipe mais nous l'avons déjà battue dans ce tournoi et c'est un bon signe pour nous, a-t-il déclaré. Tous mes joueurs sont motivés et veulent garder le titre pour prouver qu'ils sont réellement les champions d'Afrique."
Les Camerounais écartent, eux, toute idée de revanche, expliquant que l'entrée en matière fébrile de leur équipe a agi comme un stimulant pour la suite de la compétition.
"C'est un match comme les autres. Personne s'attendait à ce que nous allions aussi loin. Mais perdre contre l'Egypte nous a aidés pour atteindre la finale", avance ainsi le milieu Stéphane Mbia, héros du quart de finale contre la Tunisie avec son doublé.
Le Cameroun ne pourra cependant pas éviter quelques réglages notamment en défense où l'absence de Bikey, exclu en demi-finale pour avoir poussé un soigneur, oblige Pfister à revoir sa charnière centrale et le milieu Alexandre Song, touché à un genou, est incertain. De nouveaux contre-temps dans un parcours semé d'obstacles.