Le sélectionneur du Ghana, Claude Le Roy, a mis en garde ses joueurs: "le plus dur" n'était pas d'éliminer le Nigeria en quarts (2-1) de la Coupe d'Afrique (CAN 2008); la demi-finale qui les attend jeudi à Accra contre le Cameroun représente "la marche la plus difficile" pour le pays hôte.
Le Français, révélé au grand public voilà 20 ans quand il a remporté la CAN-1988 à la tête du Cameroun, admet également qu'il ressentira "une émotion particulière" contre les Lions Indomptables.
Q: Que ressentez-vous avant d'affronter le Cameroun, l'équipe qui vous a fait connaître?
R: "Je me sens comme quelqu'un qui doit beaucoup à ce pays, mais il faut l'oublier pendant une heure et demie ou 120 minutes, parce que je suis maintenant à la tête des Black Stars et que nous n'avons qu'un seul objectif: nous qualifier pour la finale. Bien sûr, il y toujours une émotion particulière, mais avant et après le match, pas pendant. Là, nous devons préparer ce match si important, pour passer".
Q: Ne redoutez-vous pas que vos joueurs pensent avoir fait le plus dur en battant le Nigeria? Ne craignez-vous pas une certaine décompression?
R: "C'est exactement ce que j'ai dit à mes joueurs avant l'entraînement: +ne croyez pas que le plus dur est fait+. Partout dans le monde, les demi-finales représentent la marche la plus difficile à franchir quand vous êtes le pays hôte. Souvenez-vous du Maroc en 1988 - j'étais alors à la tête du Cameroun (qui avait battu le Maroc en demies, ndlr) -, souvenez-vous de l'Allemagne à la dernière Coupe du monde (battue par l'Italie 2-0 a.p.), ils pensaient avoir fait le plus dur sur le chemin de la finale (en battant l'Argentine en quarts), et ils ont oublié que pour aller en finale il fallait passer les demi-finales. Psychologiquement, c'est le niveau le plus difficile à négocier pour le pays hôte. Nous devons en être conscients, nous devons y faire attention".
Q: Tout le pays attend la victoire finale des Black Stars. Cette pression vous inhibe-t-elle?
R: "(sourires) Je n'ai plus l'âge de sentir cette pression (60 ans mercredi). Et les joueurs assument. Pour moi, la pression la plus terrible était celle avant le match contre le Maroc (3e match de poules, 2-0 pour le Ghana) parce qu'on savait alors que tout pouvait s'arrêter et ç'aurait été terrible. Nous savions que (le Maroc) était une équipe très forte, qui avait fait nul contre la France (2-2 en amical en novembre), battu le Sénégal 3-0 (en préparation)... Ils étaient un des favoris de la compétition. Il ne faut pas avoir peur de gagner, ce n'est qu'un match de football".