Le début des matches à élimination directe a coïncidé avec le sursaut des Lions Indomptables du Cameroun, qui ont soudainement retrouvé leur âme et chassé leurs doutes du premier tour pour poursuivre leur route dans la CAN-2008.
Une opposition de poids (la Tunisie), un scénario à suspense (égalisation à dix minutes de la fin du temps réglementaire, puis prolongation) et une chaude ambiance (15.000 spectateurs rassemblés dans le stade de Tamale, la plus grosse affluence dans l'enceinte de la ville depuis le début du tournoi): il aura fallu ce cocktail détonnant pour voir les Camerounais se réveiller et se montrer digne de leur légende.
Les Lions n'avaient de toute façon pas d'autre issue après une claque mémorable reçue d'entrée contre l'Egypte (défaite 4-2) et deux autres rencontres expédiées sans génie face à la Zambie (5-1) et le Soudan (3-0), et seulement marquées par le record d'Eto'o, meilleur buteur de l'histoire en Coupes d'Afrique (16 buts).
Mais en 120 minutes, ils ont tout récupéré: leur force mentale, leur collectif et même une révélation inattendue, le milieu Stéphane Mbia, promu héros de la patrie après son doublé et surtout son but salvateur durant la prolongation.
C'est désormais un nouveau Cameroun qui s'avance vers les demi-finales et ce n'est sans doute pas la meilleure des nouvelles pour le Ghana, son futur adversaire, jeudi à Accra, et les deux autres qualifiés, l'Egypte et la Côte d'Ivoire.
"Nous avons progressé de match en match, analyse le sélectionneur allemand Otto Pfister. On a peut-être mal commencé mais on a toujours su réagir. On a encore marqué trois buts. L'équipe du Cameroun a marqué plus de buts que les autres (13, ndlr). Mais maintenant, il n'y a plus de petites équipes à jouer."
Ambitions retrouvées
Le "vieux" technicien (70 ans) tient en tout cas toujours la forme sur le plan tactique. Et son coup de bluff, avec les titularisations de Mbia, Makoun et Idrissou, a parfaitement fonctionné et désarçonné la Tunisie.
A chaque match, sa composition d'équipe: Pfister a visiblement décidé de puiser dans la quasi-totalité de son groupe de 23 joueurs dans cette CAN, impliquant et mobilisant l'ensemble de sa troupe.
Les ambitions retrouvées du Cameroun ne doivent toutefois pas masquer les difficultés d'une défense qui est la plus friable des demi-finalistes (7 buts encaissés). Lundi à Tamale, c'est encore elle qui a relancé la Tunisie dans les dernières minutes et failli tout ruiner.
Mais là aussi, Pfister, qui a dû passer par tous les états psychologiques et physiques durant le quart de finale, a réponse à tout.
"On joue offensif, explique-t-il. Je préfère gagner un match 3-2 ou 5-4 que 1-0 avec le 'catenaccio'. On joue toujours en avant parce que tu ne peux pas freiner les joueurs d'Afrique noire dans des schémas tactiques. Je laisse donc une certaine liberté. A partir du moment où on marque toujours un but de plus que les autres, il n'y a pas de problème."
Même les deux petits jours de repos avant la demi-finale contre le Ghana, pays organisateur, n'ont pas altéré sa joie. Pour le coup de gueule du jour du "bon vieil Otto", il faudra revenir plus tard.
"Nous n'avons que deux jours pour récupérer mais nous avons les moyens de bien nous préparer, affirme-t-il ainsi. On va bien dormir, on a des masseurs et un staff médical excellents. Nous sommes prêts." Décidément, tout va mieux chez les Lions.