Le quart de finale entre le Cameroun et la Tunisie, lundi à Tamale, devrait être l'un des plus indécis de la CAN 2008 entre des Lions Indomptables pas tout à fait au point et encore trop tributaires d'Eto'o et des Aigles de Carthage à l'efficacité offensive douteuse malgré la renaissance de Santos.
CAMEROUN
Eto'o est bien seul. L'avant-centre camerounais a jusqu'ici été le cache-misère de sa sélection. Meilleur réalisateur du tournoi (5 buts dont 3 sur penalty), il a d'ores et déjà rempli l'un de ses objectifs personnels, battre le record du nombre de buts inscrits en Coupes d'Afrique détenu par l'Ivoirien Laurent Pokou (16 buts). Mais Eto'o ne pourra pas longtemps entretenir l'illusion sur le niveau réel des Lions Indomptables, humiliés d'entrée par l'Egypte (4-2) et qui n'ont dû leur billet pour les quarts qu'à la faiblesse de la défense zambienne, écrasée 5-1, et à la naïveté du Soudan, facilement dominé 3-0. Le souci pour Otto Pfister et ses joueurs réside dans l'absence d'un partenaire valable pour l'épauler en attaque. Job, malgré son passé en équipe nationale et son doublé contre la Zambie, ne paraît pas de taille pour soulager le canonnier du Barça et les autres candidats potentiels (Bertin Tomou, Mohamadou Idrissou) manquent singulièrement de coffre. Le Cameroun en est donc encore réduit à compter sur un exploit de son homme providentiel ou sur la lourdeur de la charnière tunisienne Jaïdi-Haggui.
La défense en question. Avec cinq buts encaissés en trois rencontres, l'arrière-garde du Cameroun ne s'est guère montrée à la hauteur, à commencer par le duo Song-Bikey. L'éternel capitaine des Lions Indomptables traîne visiblement le poids des ans (31) et n'arrive à compenser son physique défaillant que par sa science du placement. Quant à Bikey, le costume semble encore trop lourd à porter pour lui alors qu'il vient tout juste de fêter ses 23 ans (le 8 janvier). Tout repose donc sur la solidité d'un milieu de terrain qu'Otto Pfister a préféré renforcer avec pas moins de trois éléments défensifs (le plus souvent Geremi, A. Song, Mbami), laissant Emana évoluer dans un rôle inédit de N.10.
L'oeil d'Otto Pfister: "C'est une finale avant la lettre. Tout le monde parle de Ghana-Nigeria mais nous on aura deux équipes qui ont de réelles qualités techniques. On a mal commencé à cause de notre courte préparation. Mais on a bien joué contre la Zambie et le Soudan. On a quelques joueurs de classe mondiale et maintenant nous sommes prêts pour n'importe quel adversaire."
TUNISIE
Santos a la clé. Face à une défense camerounaise pataude, le buteur d'origine brésilienne, remis en selle par son doublé contre l'Afrique du Sud (3-1), a un bon coup à jouer. Ménagé lors du dernier match face à l'Angola (0-0), jeudi, Santos devrait être préféré à Chermiti, d'une maladresse chronique ce jour-là et qui semble à court de compétition après avoir manqué les deux premiers matches pour cause de suspension.
L'énigme Chikhaoui. Tantôt génial, tantôt transparent, le joueur du FC Zurich semble évoluer sur courant alternatif depuis le début de la CAN et son influence sur le jeu tunisien reste trop faible. Le bon fonctionnement du secteur offensif des Aigles de Carthage dépend pourtant de son rendement et de sa capacité à mettre son orbite Santos ou Jemaa sur son côté gauche. Roger Lemerre n'a, en outre, pas de solutions de rechange et reste pieds et poings liés à son inconstant meneur de jeu.
L'oeil de Roger Lemerre: "Si le Cameroun n'est pas encore rentré dans le tournoi, c'est un Cameroun très réaliste. Même s'il a perdu contre l'Egypte, le contenu de son match avait été très bon. Il a obtenu de l'assurance avec ses résultats suivants. On parle d'équipe vieillissante mais il y a de bons jeunes et des anciens qui ne lâcheront rien. Contre eux, la moindre faute sera sanctionnée."