Les frères Asamoah et Baffour Gyan ont envisagé de quitter la sélection du Ghana, qui dispute la Coupe d'Afrique (CAN-2008) sur son sol, après qu'eux et leur famille ont reçu des menaces, puis se sont ravisés, a-t-on appris dimanche auprès du sélectionneur Claude Le Roy.
Le jeune (22 ans) buteur avait été effacé contre la Namibie jeudi (1-0, but de Junior Agogo, l'autre attaquant), mais son coach français et des officiels de la Fédération ghanéenne les avaient persuadés, lui et son frère aîné, de rester, a expliqué Le Roy à l'AFP.
"Je n'ai jamais rien vu de tel", a-t-il dit.
Asamoah avait déjà été conspué par la foule du stade Ohene Djan d'Accra pour ses occasions manquées contre la Namibie et Le Roy l'avait sorti à la 65e minute.
Lors du match d'ouverture, l'attaquant avait marqué sur penalty le premier but du tournoi (Ghana-Guinée: 2-1).
Après un torrent de critiques acerbes déversées dans les médias ainsi que des menaces téléphoniques, Baffour (Saturn Moscou/RUS) et Asamoah (Udinese/ITA) ont fait leur bagages samedi matin.
"Ils étaient prêts à partir, mais j'ai eu une longue discussion avec lui hier (samedi) matin et tout est OK maintenant, il s'est entraîné normalement l'après-midi et il est toujours avec nous", a raconté Le Roy.
Le soutien du président du Ghana
"C'était bien plus que des critiques injustes. Il a été menacé, sa mère a été menacée, son père a été menacé", a ajouté Le Roy, qui croit en Asamoah, "un mélange de Drogba et d'Eto'o". Il lui avait assuré une place de titulaire à la CAN dès le mois d'octobre, "pour le mettre en confiance car un buteur en a besoin", avait expliqué le sélectionneur à l'AFP.
"C'est la bêtise du monde dans lequel nous vivons", a-t-il ajouté.
Le lendemain du match, le visage d'Asamoah Gyan était encore marqué par les lazzis du stade. "Personnellement, je suis très triste de ce qui s'est passé, avait-il dit. Je n'ai que 22 ans, et quand les choses tournent mal, vous avez besoin des encouragements de la foule".
"Je suis très déçu, mais je travaille. Je vais trouver mon rythme. J'aimerais marquer cinq buts en un match!", avait-il ajouté.
"Je suis d'autant plus déçu que les Ghanéens savent de quoi je suis capable. J'ai joué 22 fois pour mon pays et marqué 15 buts, à mon âge, alors j'attends plus des encouragements que des critiques", a encore dit Asamoah.
L'affaire a pris une telle ampleur au Ghana que le président de la république, John Kufuor, a personnellement pris la défense du joueur et l'a encouragé lors d'une réception des "Black Stars" par la présidence diffusée à la télévision.
"Vous êtes une star, vous savez que vous pouvez subir cela, a dit le président. Les stars s'en relèvent", a-t-il conclu.