Ghana-Guinée marque, dimanche à Accra, le début de la Coupe d'Afrique des nations, grand-messe bisannuelle du football continental, sous les yeux de tout le peuple ghanéen qui n'attend qu'une seule chose: la victoire finale des siens, le 10 février.

Pour les Black Stars de Claude Le Roy, il n'y a pas d'alternative à un succès à la CAN que le pays n'a plus connu depuis 26 ans. Une longue attente rendue encore plus frustrante par les brillants résultats de leur sélection ces deux dernières années.
Huitième de finaliste du Mondial-2006, porté par une génération exceptionnelle symbolisée par Michael Essien, milieu récupérateur de Chelsea (ENG), le Ghana est la nouvelle tête d'affiche en Afrique et doit désormais assumer ce nouveau statut devant son public.

"Nous sommes les favoris parce que nous accueillons la compétition, a admis Le Roy. De nombreuses équipes présentes ici ont un énorme potentiel et ce sera une aide appréciable d'avoir le public derrière nous. Mais quelquefois, c'est aux joueurs de gagner le coeur des supporters..."

Un tournoi ouvert
"Nous n'avons pas peur, nous sommes heureux, pas nerveux: ce n'est qu'un jeu", a-t-il même relativisé, pour évacuer la pression avant les débuts contre la Guinée dont il n'attend qu'une chose, "les trois points".
Dans une compétition rendue plus ouverte par le bouleversement de la hiérarchie africaine ces dernières années (présence au Mondial-2006 de quatre novices, l'Angola, le Togo, le Ghana et la Côte d'Ivoire, en plus de l'habituelle Tunisie), la Côte d'Ivoire devrait être le principal obstacle sur la route d'un 5e titre pour les Black Stars.
Si Didier Drogba, vedette de Chelsea, monopolise les regards, les "Eléphants" ont bien d'autre atouts, à l'image de son coéquipier à Chelsea, Salomon Kalou, Yaya Touré (Barcelone/ESP) ou Kolo Touré (Arsenal/ENG).
Mais les Ivoiriens laisseront peut-être des plumes au premier tour. Dans le groupe B, ils affronteront le Nigeria, géant continental toujours bien placé et relancé par l'Allemand Berti Vogts, et le Mali aux ambitions décuplées depuis l'émergence de Frédéric Kanouté, double vainqueur de la Coupe de l'UEFA (2006 et 2007) et l'un des meilleurs canonniers de la Liga, sans compter Mahamadou Diarra (Real Madrid/ESP) et Seydou Keita (FC Séville/ESP).

Eto'o, trop seul
Après deux échecs d'affilée en demi-finales (2004, 2006), les Aigles maliens peuvent enfin nourrir de sérieuses ambitions de titre alors que le Cameroun, géant endormi depuis quatre ans (quarts de finale en 2004 et 2006, absence du Mondial-2006), arrive au Ghana sur la pointe des pieds.

Naguère vivier inépuisable, le Cameroun ne s'appuie plus que sur le seul Samuel Eto'o, qui doit lui aussi se racheter après une année 2007 tumultueuse (conflits avec Ronaldinho et son entraîneur Frank Rijkaard au FC Barcelone, grave blessure).
La CAN, objet de courroux des grands clubs européenns qui tous les deux ans perdent pour un mois certains de leurs meilleurs joueurs en pleine saison, fait également traditionnellement le bonheur des recruteurs européens, à la recherche de la perle rare.
Le jeune Tunisien Alhassane Chermiti, meilleur buteur et vainqueur de la Ligue des champions d'Afrique 2007 (8 buts) avec l'Etoile du Sahel, et le puissant Béninois Razack Omotoyessi font partie de cette liste.

Asamoah Gyan (21 ans), le buteur du Ghana et protégé de Le Roy, qui voit en lui un futur très grand joueur, pourrait également éclater... si ses épaules supportent l'attente de tous ses supporters.
Malgré la ferveur et l'enthousiasme, quelques problèmes d'organisation ont assombri le tableau. Le Nigeria et l'Egypte ont par exemple eu des problèmes d'avion: les "Super Eagles" ont refusé celui affrêté par les organisateurs et se sont rendus à Sekondi-Takoradi en car, et les "Pharaons" auraient bien aimé, eux, qu'un avion les transporte dès vendredi à Kumasi...