Pascal Feindouno et Fodé Mansaré, les deux hommes de couloir de la Guinée, donnent des ailes au "Syli national", qui a mis fin à une parenthèse de 28 ans en se qualifiant pour les quarts de finale de la Coupe d'Afrique des nations 2004 de football contre le Mali.
"On en avait un peu marre d'entendre toujours parler des anciens, rigole Feindouno. Depuis 1976, la Guinée n'avait pas passé le 1er tour. Alors tout le monde en parlait tout le temps. On est content d'avoir fait aussi bien."
La Guinée doit en partie cette qualification à l'expérimenté Titi Camara, auteur de 3 buts décisifs. Mais elle la doit aussi aux débordements incessants de ses deux infatigables remonteurs de ballon que sont le "Bordelais" Feindouno et le "Montpelliérain" Mansaré.
Une complicité qui remonte à l'enfance, quand les deux gamins de Conakry tapaient dans la même balle, mais pas sous le même maillot. "Moi, mon club, c'était les Hirondelles de Conakry, et lui, il jouait aux Eléphants de Coleah", raconte Feindouno, qui n'oublie pas d'ajouter: "On les battait tout le temps."
Les deux complices de Conakry, aujourd'hui encore opposés par leur maillot de clubs mais réunis par les souvenirs qu'ils se racontent en "soussou", le dialecte de la capitale guinéenne, ne se côtoient pourtant pas depuis longtemps en sélection. Si Feindouno, 22 ans, a connu toutes les sélections jeunes, Mansaré, de quelques mois sont cadet, est une fraîche recrue pour le "Syli national".
Lancé par Stambouli
Le "Montpelliérain" a fait ses débuts d'international contre le Liberia, en juin 2003, en inscrivant au passage un but, un "rêve" reconnaît-il, l'oeil rieur sous ses dreadlocks.
Quant à Feindouno... "Ma première sélection? Je ne m'en souviens plus! Je sais juste que c'était contre le Togo, lance-t-il. J'ai été le premier, parmi tous les jeunes, à arriver en équipe A."
Ironie de l'histoire, c'est Henri Stambouli, alors sélectionneur de la Guinée (1998-99), qui a lancé le Bordelais dans le grand bain international. Aujourd'hui sélectionneur du Mali, Stambouli sera samedi l'adversaire de Feindouno. "Ca fait bizarre de le retrouver en face. Mais ne comptez pas sur moi pour lui obéir! Je le respecte, mais ce n'est plus mon entraîneur."
Feindouno, l'ex-novice, est aujourd'hui un cadre de la Guinée, comme en atteste le brassard de capitaine qu'il portait dimanche contre la Tunisie (1-1) en l'absence de Morlaye Soumah, suspendu. Ce qui l'autorise, entre deux plaisanteries, à asséner quelques vérités sur son jeune coéquipier Mansaré.
"Fodé, on le connaît, c'est un bon joueur, mais il faut qu'il soit en forme, note-t-il. Dans sa tête, il faut encore qu'il se dise qu'il peut mieux faire." "Pascal me donne des conseils, répond Mansaré du tac au tac. Mais moi aussi je lui en donne!"
Ou l'art de se renvoyer la balle d'une aile à l'autre, pour le plus grand bonheur de la Guinée.