Les Dakarois se sont réjouis vendredi de la victoire du Sénégal sur le Kenya (3-0) en Coupe d'Afrique des nations de football (CAN-2004), mais la capitale sénégalaise n'a pas renoué avec les débordements de joie ayant salué de précédents exploits des "Lions de la Téranga".
"On attend le troisième match (du Sénégal) contre le Mali pour laisser exploser notre joie", dit à l'AFP Ousmane Diallo, un pompier dépêché à la Place de l'Indépendance, au centre-ville, où la diffusion de la rencontre sur écran géant avait attiré des dizaines de personnes.
"On avait le statut de favori, alors les gens ne manifestent pas beaucoup et attendent le deuxième tour", ajoute Ousmane, un brin nostalgique de l'ambiance en ville lors de la Coupe du monde de 2002 en Corée du Sud et au Japon.
"La Coupe du monde, c'était autre chose. C'était superbe et il y avait plus d'ampleur, tout le monde était descendu dans la rue, tout le monde voulait la victoire du Sénégal", dit-il.
Beaucoup de Dakarois, qui s'étaient agglutinés devant le premier poste de télévision à disposition du regard, ont surtout manifesté leur contentement pendant le match.
Retour au calme
Clameurs et avertisseurs se sont entendus dans toute la capitale après le premier but sénégalais, marqué par Mamadou Niang, puis le deuxième, oeuvre de Pape Bouba Diop.
Moustapha Kane, chauffeur de taxi, a laissé son avertisseur bloqué pendant plusieurs minutes. "J'ai klaxonné fort, fort, fort lors des buts", dit-il avant de se lancer à la quête d'un téléviseur pour suivre le reste de la compétition.
Après le 3e but, un doublé de Mamadou Niang, également salué par les supporteurs, Dakar avait retrouvé un calme ponctué par quelques cris lors des attaques des deux camps. Les supporteurs semblaient confortés dans l'impression que le match était quasi-joué.
Au coup de sifflet annonçant la fin de la rencontre, les bras se sont relevés, des spectateurs ont crié, sans débordements.
Baba, venu faire ses courses au centre-ville, s'était arrêté pour regarder jouer "les Lions" de la Téranga.
"Je suis content car c'est la première victoire, ça motive les gens pour bien préparer les autres matches. Mais bon, (le Kenya) était une petite équipe alors je me doutais que les Lions allaient gagner", déclare-t-il.
"On veut la Coupe"
Non loin de lui, quatre jeunes filles, bandeaux vert-jaune-rouge aux couleurs nationales, dansent. Leur lycée a arrêté les cours deux heures plus tôt pour permettre aux écoliers et au personnel de suivre le match, expliquent-elles.
"Au Sénégal, le foot c'est pour tout le monde, les vieux, les jeunes, les filles. On est tous derrière nos +Lions+", lance Françoise Diouf, l'une d'entre elles.
"Comme on était au lycée et qu'on n'a pas eu le temps de rentrer à la maison, on a regardé le match dans la rue. Et là, on danse parce qu'on est heureuses!", ajoute Françoise.
Khomeni Der, commercial dans une société, se réjouit également de la victoire, les bras chargés de Tee-shirts à l'effigie des joueurs.
C'est "une commande", révèle-t-il. "Quand le Sénégal gagne, ça fait plus d'affaires. Je viens juste de recevoir un coup de fil d'un vendeur qui voulait une grosse livraison si les choses se passaient bien aujourd'hui".
Khomeni est "bien sûr content" de la victoire de son équipe, mais il veut plus. "Ce qu'on veut, ce n'est pas gagner le match mais la Coupe, s'il plaît à Dieu", avance-t-il.