Le quart de finale Côte d'Ivoire-Guinée est le plus déséquilibré de la Coupe d'Afrique (CAN-2008), entre les Eléphants, grands favoris du tournoi, qui ont retrouvé Didier Drogba, et le Syli national guinéen qui a perdu son seul bijou, Pascal Feindouno.
Dimanche à Sekondi, le stade sera en outre garni de supporters oranges, venus de la frontière voisine (à 175 km), noyant la poignée de suiveurs du Syli (l'éléphant, ndlr).
Face à l'armada de stars mondiales de la Côte d'Ivoire, Didier Drogba (Chelsea), qui revient bien après son opération d'un genou début décembre (déjà deux buts), Yaya Touré (FC Barcelone) ou son frère Kolo Touré (Arsenal), touché à une cuisse et incertain, la Guinée ne peut aligner aucun joueur de ce calibre.
Le seul qui pût soutenir la comparaison, Pascal Feindouno (Saint-Etienne), est suspendu pour avoir donné un coup de pied à un joueur marocain.
La phalange d'attaquants Ivoiriens, même les remplaçants, évolue dans les bons, voire les meilleures clubs européens (Boubacar Sanogo au Werder Brême, Arouna Koné au FC Séville), ceux de la Guinée dans des clubs mineurs (Souleymane Youla pas titulaire à Lille, Vincent Correia à Cherbourg/FRA/Nat).
La Côte d'Ivoire supérieure
Le milieu de terrain orange allie puissance et finesse technique (Y. Touré, Didier Zokora/Tottenham), celui de la Guinée allie joueurs de clubs africains (Naby Soumah à Sfax, en Tunisie) ou turcs (Kanfory Sylla à Sivaspor).
Dans ce secteur, l'absence de Feindouno va peser lourd. "Il faudra compenser avec beaucoup de jeu collectif, explique le sélectionneur français de la Guinée, Robert Nouzaret. Non pas qu'on ne joue pas collectivement avec lui, mais toutes les balles passent par lui. Il est la solution. Là, tout le monde sera obligé de faire un peu plus".
"Chez nous, la fantaisie, c'est Pascal et (Fodé) Mansaré", admet Nouzaret. Les regards se tournent alors vers le dribbleur aux rastas blonds de Toulouse. "Moi je n'ai pas la pression, c'est les Ivoiriens qu'ils l'ont", répond-il.
La défense des Eléphants peut même se passer de Kolo Touré en faisant reculer +Maestro+ Zokora, celle du Syli est capable "d'une relance dans l'axe qui coûte une but (contre la Namibie), une bêtise incroyable pour un joueur de ce niveau", peste Nouzaret.
Bref, sur le papier, le Syli ne peut rivaliser dans aucun secteur de jeu avec les Eléphants de Côte d'Ivoire, sauf peut-être le gardien, point faible de chaque équipe.
Mais là encore, les approximations de Boubacar "Kopa" Barry (Lokeren/BEL) valent mieux que celles de Kemoko Camara, au chômage.
"Une fois qualifiés pour la CAN, j'ai dit que quand on a fini les poules, on va à Accra pour gagner la Coupe, conclut Nouzaret sur une pirouette. J'aurais mieux fait de fermer ma gueule, mais bon, je suis resté là-dessus."
Et comme tout le monde attend la Côte d'Ivoire en demies, il n'a pas eu de peine à motiver ses hommes. "Plus on veut réduire notre rôle, plus ça fait grandir mes joueurs".