L'accueil était officiel mais la foule clairsemée et les sourires crispés lundi pour le retour à Dakar de l'équipe sénégalaise de football, battue (1-0) samedi en quart de finale de la Coupe d'Afrique des nations (CAN) par la Tunisie, pays organisateur.
Les "Lions de la Teranga", qui figuraient parmi les favoris de la compétition, ont été accueillis à l'aéroport par le président sénégalais, Abdoulaye Wade, et par nombre de ministres et leaders de l'opposition, apparemment décidés à montrer que la magie du football opérait encore sur l'unité nationale.
"Ce jour n'est pas un jour de deuil mais un jour de fête", a déclaré M. Wade en "félicitant" les joueurs et leur encadrement, "au nom de la République".
"Le sport a ses lois, on ne peut pas toujours gagner (...), il faut l'accepter", a-t-il ajouté, sans évoquer les incidents qui ont émaillé la rencontre de samedi, lorsque des membres de la délégation sénégalaise ont fait irruption sur la pelouse en contestant une décision arbitrale.
Pour le président Wade, cette défaite est "un accident", les Lions ont perdu "une bataille, mais pas la guerre". "Le chemin du Mondial (2006) est ouvert devant vous", a-t-il ajouté.
"Les soutenir dans la difficulté"
Mais en dépit de ses déclarations réconfortantes, l'ambiance n'avait rien à voir avec celle de 2002, lorsque les joueurs sénégalais étaient rentrés de la CAN au Mali, puis de la Coupe du monde en Corée-Japon. Cette année-là, ils avaient accédé à la finale de la CAN et aux quarts de finale du Mondial.
A l'époque, le bus qui les avait conduits de l'aéroport jusqu'au centre de Dakar avait mis des heures à se frayer un passage au milieu d'une foule compacte et enthousiaste.
Aujourd'hui, l'amertume a remplacé la joie chez beaucoup de Sénégalais.
"Les gens ne sont pas très contents de leur prestation, ils l'ont fait savoir en ne venant pas", a déclaré à l'extérieur de l'aéroport Seydou Diallo, étudiant en géographie.
Etre là, a-t-il dit, "c'est une manière de les soutenir dans la difficulté, car eux-mêmes savent bien qu'ils n'ont pas atteint leurs objectifs", a-t-il ajouté, entouré par des groupes de supporteurs, essentiellement des jeunes gens.
Certains d'entre eux brandissaient une unique pancarte sur laquelle était inscrit "Stéphan, espion rancunier, allez vous-en de chez nous ! Sénégal 1 - France 0".
Guy Stéphan, actuel sélectionneur français des Lions, figurait dans l'encadrement de l'équipe de France lorsque celle-ci avait été battuepar le Sénégal en match d'ouverture de la Coupe du monde en 2002.
Interrogé par des journalistes, El Hadji Diouf, l'attaquant vedette des Lions, a affirmé qu'il n'était "pas un revanchard mais un battant" et qu'il devait "travailler pour (son) pays". "Maintenant, c'est à nous de nous qualifier pour la prochaine Coupe du monde", a-t-il déclaré.
Il devra purger dans un premier temps la suspension de trois matches internationaux infligée lundi par la Confédération africaine de football (CAF), pour "conduite violente" durant le match contre la Tunisie.