La trajectoire de Mohamed Sissoko, passé de la réserve d'Auxerre (L1) à l'équipe A de Valence (1re div. espagnole) et aujourd'hui aux portes de la finale de la Coupe d'Afrique des nations 2004 de football avec le Mali, traduit l'impatience d'un jeune homme de 19 ans particulièrement pressé.
Comme Frédéric Kanouté, Sissoko, qui a porté le maillot de l'équipe de France en sélections jeunes, a bénéficié de la nouvelle réglementation de la Fédération internationale (FIFA) sur les joueurs binationaux pour jouer la CAN.
Et le moins que l'on puisse écrire est qu'il ne le regrette pas. "Porter le maillot du Mali, c'est une grande fierté par rapport à ma famille et au peuple malien, explique-t-il. C'est vrai que je suis né en France, mais je ne regrette rien."
Le filiforme milieu de terrain malien (1,89 m, 79 kg), a fêté sa première sélection par le premier but du Mali contre le Kenya (3-1), le 26 janvier, quatre jours après avoir soufflé ses dix-neuf bougies. "J'ai marqué un but qui a permis de débloquer la situation, c'était très important. J'ai pensé aux millions de gens à Bamako qui regardaient ce match", raconte-t-il pour justifier son explosion de joie après ce premier but.
"A Valence, je joue milieu défensif. Mais avant, je jouais en N.10. J'ai gardé mes réflexes de buteur", ajoute le Franco-Malien dans un sourire.
Revanche
Une belle revanche pour le jeune homme qui avait jusqu'ici surtout fait parler de lui en dehors des terrains quand, l'été dernier, il avait quitté Auxerre, où il était aspirant, pour signer un premier contrat professionnel à Valence. Une impolitesse qui avait mis la Bourgogne dans une fureur noire.
Le président auxerrois Jean-Claude Hamel était notamment monté au créneau. "Bientôt, la France risque de ne plus pouvoir retenir ses meilleurs jeunes, qui, conseillés par des agents, partiront à l'étranger, avait-il regretté. Quand on forme des joueurs, c'est pour qu'ils jouent chez nous. Sissoko, c'était un remplaçant désigné pour Mexès."
La FIFA, qui a eu à trancher pour la première fois un tel litige, avait donné raison au joueur fin novembre.
"J'ai été surpris par tout le bruit qu'a fait cette affaire, explique pour sa part Sissoko. J'étais à Auxerre depuis l'âge de 13 ans. Cela se passait bien. Mais je savais que je n'aurais pas eu l'occasion de jouer en équipe A tout de suite. Et puis j'ai eu des contacts avec Arsenal, Newcastle et Valence. C'était un choix sportif."
"Bien sûr que j'aurais aimé évoluer avec Cissé, Mexès ou Kapo. Mais là, je joue avec Aimar, Ayala et compagnie. Ce n'est pas mal non plus!", lance-t-il.
Sissoko ne nourrit en fait qu'un seul regret: la CAN est intervenue alors qu'il venait de connaître ses premières titularisations avec Valence, juste avant la trêve. "Valence aurait sans doute préféré que je joue pour la France", reconnaît-il. Mais il aurait fallu pour cela montrer un peu plus de patience.