Des milliers de Tunisiens, fous de joie, ont laissé libre court à une euphorie sans précédent, samedi dans les rues de Tunis, pour fêter "les Aigles de Carthage", devenus champions d'Afrique grâce au succès contre le Maroc 2-1, en finale de la Coupe d'Afrique des nations 2004 de football, au Stade de Radès.
Dès le coup de sifflet final, les supporteurs ont hurlé de joie en envahissant l'Avenue centrale Habib Bourguiba de Tunis, les bras levés au ciel aux cris de "Tunisie, Tunisie".
La foule a grossi au fur et à mesure alors que retentissaient les "you-you" de femmes et jeunes filles au milieu des supporteurs enthousiastes arrivant par grappes entières sur des cyclomoteurs et voitures tous avertisseurs bloqués.
"Bravo les héros!", "Le rêve est devenu réalité", "On a gagné: Tunis tu peux chanter et danser toute la nuit", proclamaient avec fierté les commentateurs des radios, certains n'arrivant pas à contenir leurs larmes.
Une marée humaine a ensuite déferlé en provenance du Stade de Radès (sud), mais aussi de celui d'El Menzah (nord) où les "sans-billets" avaient pu suivre gratuitement le match sur écrans géants.
Agglutinés aux fenêtres ou juchés sur les toits, les plus prudents des Tunisois tapaient dans leurs mains, lançaient des slogans à la gloire de la sélection en direction de l'Avenue, noyée dans le rouge et le blanc du drapeau national, dans les ballons et les fumigènes.
Des Tunisois de tous âges dansaient sous le regard vigilant des services d'ordre et des unités spéciales déployées en grand nombre dans la capitale tunisienne dès le début de la journée. "Bravo la Tunisie! Je suis heureux", criait un quadragénaire.
Bandir, darbouka ou cornemuse
Bandir (tambour), Darbouka ou Cornemuse: chacun avait recours à son instrument pour donner le ton de la fête et le rythme de la danse. "Jusqu'à l'aube!", promettait Boubaker, venu de sa lointaine banlieue, drapeau sur les épaules.
"Cette victoire est une consécration et une joie pour tout le peuple", résumait le commentateur de la première chaîne de télévision nationale.
Au Stade, la décoration des "héros" par le président Zine El Abidine Ben Ali était ponctuée de clameurs, une ovation spéciale saluant "l'homme de la situation": l'entraîneur des Aigles de Carthage, le Français Roger Lemerre.
Les Tunisiens avaient commencé la fête dès le matin avec, pour seul intermède, le temps de la partie, qui a tenu en haleine des millions de personnes.
"60.000 à Radès et dix millions à l'extérieur ont vibré avec toi, Tunisie!" répétait Radio Mosaïque FM.
"C'est du jamais vu! C'est la folie collective!", s'étonnait pour sa part un journaliste étranger paniqué par l'immensité de la foule dans le centre de Tunis.
"Il nous fallait cette coupe. Elle est maintenant à nous. Que la fête soit totale", lançait un homme d'affaire venu exprimer sa joie.
A la tombée de la nuit, les conducteurs klaxonnaient de plus belle et la foule n'en finissait pas de grossir dans une atmosphère de liesse sans précédent à Tunis.
"C'est tout simplement magique!", lâchait un jeune policier partagé entre son devoir de vigilance et l'envie de laisser éclater sa joie.