Dans la finale inédite de la Coupe d'Afrique des nations 2004 de football samedi (14h00 GMT) à Radès, la Tunisie rêve de croquer le "Lion de l'Atlas" marocain pour obtenir son premier titre continental et succéder au palmarès à d'autres "Lions", les "Indomptables" du Cameroun.
Le Maroc, inarrêtable depuis sa mise en orbite réussie face au Nigeria (1-0), vise pour sa part un deuxième titre continental après celui de 1976.
"Est-ce qu'on va enfin arriver au nirvana ?", s'interrogeait Roger Lemerre mercredi soir, au sortir d'une séance de tirs au but éprouvante en demi-finale contre les Nigérians (1-1 a.p., 5-3 aux t.a.b.). L'heure de la réponse est arrivée pour le sélectionneur de la Tunisie, mais aussi pour tout un pays, qui reste sur deux finales perdues (1965, 1996).
En éliminant le Nigeria, double vainqueur de la CAN, quelques jours après le Sénégal (1-0), finaliste de la dernière édition, les "Aigles de Carthage" ont suscité un espoir fou chez leurs 10,5 millions de supporteurs. Un espoir que Roger Lemerre, qui peut réussir un étonnant doublé champion d'Europe-champion d'Afrique, et ses 22 protégés sont chargés de concrétiser sur leur pelouse fétiche de Radès.
"Cela va se jouer sur des détails, comme d'habitude, prévoit le milieu de terrain tunisien Adel Chedli. L'équipe qui aura le mieux récupéré l'emportera."
A cet égard, les Marocains, qui ont connu une fin de match tranquille face au Mali (4-0) en demi-finale, semblent mieux armés que des Tunisiens contraints à une prolongation.
Ouverte
D'autant qu'ils n'excluaient pas de pouvoir retrouver Talal El Karkouri, forfait en demi-finale en raison d'une blessure à un mollet, alors que les Tunisiens doivent se passer de leur capitaine Khaled Badra, auteur du penalty égalisateur contre le Nigeria mais privé de finale en raison de deux avertissements.
Les Tunisiens pourront en revanche encore compter sur l'appui des 60.000 supporteurs de Radès, dont le scepticisme de début de tournoi s'est mué en une réelle ferveur.
"On va faire abstraction du public", promet le Marocain Youssef Hadji, qui sait que le Maroc avait su se sortir d'un piège comparable en quart de finale contre l'Algérie (3-1 a.p.) dans un stade Taïeb-Mhiri de Sfax entièrement paré aux couleurs algériennes.
Autant dire que cette finale entre deux équipes maghrébines aux profils relativement proches s'annonce très ouverte. Roger Lemerre, qui se félicite jour après jour de la fidélité de son équipe à des principes de jeu "rustiques" mais efficaces, et Badou Zaki, dont le jeu repose sur une défense solide et des contres meurtriers avec ses flèches offensives (Y. Hadji, Zaïri, Chamakh), ne devraient pas déroger à des systèmes ayant fait leur preuve.
Entre deux candidats à l'organisation du Mondial-2010 (la Tunisie conjointement avec la Libye), deux frères méditerranéens et deux équipes aux collectifs parfaitement en place, il y aura un gagnant, le football maghrébin, mais un seul vainqueur.
Un vainqueur qui, en vertu de la décision de la CAF prise avant la compétition, ne sera pas automatiquement qualifié pour la CAN-2006 en Egypte.