La 24e Coupe d'Afrique des nations de football va s'offrir, samedi à Radès, une finale 100% maghrébine, une première, entre deux solides équipes, la Tunisie et le Maroc, où les vertus collectives et la solidarité priment sur l'individu et l'exploit personnel.
Le Nigeria, qui pensait que les coups de patte d'Augustin "Jay Jay" Okocha ou de Nwanko Kanu suffiraient, et le Mali, un peu trop dépendant de l'efficacité de sa "recrue" Frédéric Kanouté en attaque, doivent quant à eux méditer cette leçon de collectif au cours de la "petite finale" pour la 3e place, dès vendredi à Monastir (est).
"On a une équipe encore jeune, en qui j'ai confiance, où le collectif compte plus que les individualités", estime le sélectionneur marocain Badou Zaki. En écho, Roger Lemerre martèle jour après jour qu'"une Coupe d'Afrique des nations se gagne à 22". "Il n'y a pas de joueur plus important que les autres", ajoute l'ancien "patron" de l'équipe de France, qui peut aujourd'hui réussir l'exploit de remporter un titre sur deux continents après la victoire à l'Euro 2000.
Homogénéité
Contre le Nigeria, mercredi (1-1 a.p., 5-3 aux t.a.b.), la Tunisie a débuté sans ses deux joueurs les plus connus en Europe, Hatem Trabelsi (Ajax Amsterdam/PBS) et Selim Benachour (Paris SG/FRA), et, surtout avec cinq joueurs évoluant dans le Championnat tunisien (Hagui, Jaidi, Badra, Clayton et Mnari). Les autres jouent certes en Europe mais dans des clubs de second ordre (Rouen, Santander, Gaziantepspor) à l'exception de Santos et Chedli, de Sochaux (FRA).
Pour Badou Zaki, critiqué avant la compétition par la presse marocaine pour avoir retenu très peu de joueurs du Championnat national (4 sur 22) au bénéfice de joueurs "européens" pas forcément très reconnus dans le Royaume, il s'agit aussi d'une jolie revanche.
L'homogénéité de son effectif est telle que Talal El Karkouri, Hussein Kharja et Jawad Zaïri, trois titulaires habituels, peuvent faire défaut sans que la prestation des "Lions de l'Atlas" s'en ressentent contre le Mali. Au contraire, si l'on s'en réfère au score (4-0).
La grande victoire de Badou Zaki et Roger Lemerre, est d'avoir réussi à impliquer l'ensemble des joueurs, au contraire, par exemple, d'un Winfried Schaefer avec le Cameroun ou d'un Guy Stéphan avec le Sénégal, dont les plans reposaient sur un noyau dur quasi-immuable.
Logique
"On a un grand leader avec Noureddine Naybet, souligne l'attaquant marocain Marouane Chamakh. Mais après, on est tous au même niveau."
Dans l'équipe tunisienne, on ressent la même chose. "Avec Roger Lemerre, tout le monde est sur un même pied d'égalité. La concurrence est saine", selon Ali Boumnijel. "C'est un plus pour la Tunisie", confirme Adel Chedli.
Ces deux blocs se retrouvent maintenant face à face dans une finale qui, pour la première fois en 24 éditions, va donc opposer deux pays maghrébins. La conclusion assez logique d'une CAN où les représentants de la partie sud de l'Afrique (RD Congo, Rwanda, Kenya, Zimbabwe, Afrique du Sud) n'ont pas passé le premier tour. Une CAN, surtout, où les pays du Maghreb, Tunisie, Maroc mais aussi Algérie, auteur d'un formidable parcours contre le Cameroun (1-1), double tenant du titre, l'Egypte (2-1) et le Maroc (1-3 a.p.), ont imposé leur jeu certes sans folie, aligné sur les standards européens, mais redoutablement solide et efficace.
Tout cela n'augure pas forcément d'une finale très spectaculaire. Mais les supporteurs tunisiens, qui se pressent depuis jeudi matin devant les guichets pour acheter leurs billets, n'en demandent pas tant. Un premier titre continental suffira amplement à leur bonheur.