Le sélectionneur Roger Lemerre, quinze mois après avoir posé son sac en Tunisie au lendemain d'une sortie ratée avec l'équipe de France, dispute samedi la finale de la Coupe d'Afrique des nations 2004 de football contre le Maroc, point d'orgue de sa renaissance africaine.
Le Tunisien d'adoption ne fait pas pour autant une affaire personnelle de cette finale. "Vous savez, moi, tous ces gens qui me mettent sur le devant de la scène...", soupirait-il vendredi à Hammamet (est), où la sélection tunisienne résidait pendant le tournoi.
"Je ne revendique qu'une chose: le droit au travail. Quand je suis venu ici, ce n'était pas forcément pour gagner la Coupe d'Afrique des nations. C'était pour enseigner, aider la Tunisie. C'était l'objectif principal des gens qui m'ont engagé, mais pas pour moi", affirme aussi le Normand de naissance.
Droit dans ses crampons, fidèle à des principes qu'il qualifiait avant la demi-finale contre le Nigeria de "rustiques", l'ancien sélectionneur de l'équipe de France a su mettre sur pied une équipe solide et disciplinée, aujourd'hui aux portes d'une première victoire en Coupe d'Afrique des nations.
Objectif "dépassé"
Avant même la finale, le président de la Fédération tunisienne Hammouda Ben Hammar a fait part, mercredi soir, de sa satisfaction, en affirmant que Roger Lemerre avait "dépassé" l'objectif qui lui avait été assigné. M. Ben Hammar n'a pas caché qu'il souhaitait prolonger la collaboration avec Lemerre.
L'intéressé, interrogé sur son avenir, se montre plus évasif. "Je rencontrerai probablement le président", lâche-t-il.
"Je préfère entendre le président de la Fédération dire qu'il est content du travail effectué. Mais ce n'est pas ça l'important. Cela a juste le mérite de prouver que mon travail est reconnu. C'est une satisfaction", consent seulement à ajouter Lemerre.
La chance du technicien français, parti blessé de France après l'élimination surprise au 1er tour du Mondial 2002 de l'équipe de France championne du monde en titre, fut sans doute de tomber sur un pays lui aussi en mal de reconnaissance, après une triste année 2002 marquée par des échecs en CAN puis au Mondial.
Lemerre ne déclarait-il pas, en arrivant en Tunisie en octobre 2002: "la CAN 2004 est un challenge autant pour la sélection tunisienne que pour moi"? Nourris par la même soif de reconnaissance inassouvie et le même désir de revanche, les Tunisiens et le Français ont pu se reconstruire ensemble. Une renaissance qu'une victoire en finale de la Coupe d'Afrique des nations, samedi, rendrait plus éclatante encore.