Le Mali quitte prématurément la table de la Coupe d'Afrique (CAN-2008), faute d'avoir su bien jouer ses atouts: trois points d'avance sur le Nigeria, un match contre la Côte d'Ivoire déjà qualifiée, et un brelan de rois d'Espagne, Diarra (Real Madrid), Kanouté et Keita (FC Séville).
Quel gâchis! Les Aigles du Mali alignaient probablement leur plus belle équipe de tous les temps, mais en misant tout sur leur troisième match (défaite 3-0 contre les Eléphants mardi à Accra), ils ont dilapidé tous leurs jetons.
Le sélectionneur Jean-François Jodar pensait pourtant, après le 0-0 contre le Nigeria, une bataille stratégique qui avait mis en valeur la maturité tactique du Mali, "avoir toutes les cartes en mains".
"Un nul nous suffit, disait-il. La Côte d'Ivoire est qualifiée, il ne peut rien leur arriver. C'est la configuration que j'espérais. On pourra se contenter d'un nul, mais bon, ce n'est pas facile de viser le nul. Dans les dix dernières minutes, on a toujours peur de prendre le but bête".
Ils l'ont en fait pris dans les dix premières, par Didier Drogba (10, 1-0). Et se sont effondrés. "Nous n'avons pas bien joué en première mi-temps, nous n'avons pas pris de risques en attaque, nous n'avons pas réussi à nous imposer au milieu", regrettait-il après le match.
Ainsi Jodar, de fin bluffeur, devient-il un peu épicier. Son équipe n'a marqué qu'un but dans le tournoi. Peut-être regrette-t-il son option calculatrice, le 1-0 minimaliste contre le Bénin et l'impasse contre le Nigeria pour faire tapis contre la Côte d'Ivoire. Après tout, le Mali est éliminé à la différence de buts, un carton plein contre les frêles Ecureuils béninois auraient pu changer la donne.
Kanouté trop discret
Mais les Aigles n'ont pas su profiter de la configuration du groupe B. Et la Côte d'Ivoire a pu tranquillement poursuivre sa montée en puissance vers la finale du 10 février, là où tout le monde l'attend.
Les Eléphants voulaient certes préserver leur première place pour éviter de se frotter au Ghana avant le dernier jour - ils avaient d'ailleurs à peine fait tourner - mais pouvaient se contenter d'un nul.
Le fair-play est donc sauf, il n'y a effectivement "pas eu d'arrangements" comme l'avaient assuré les deux équipes.
Le sort a un peu joué contre les Maliens, avec la blessure de Frédéric Kanouté, sorti à la mi-temps, ou le fait qu'Adama +Police+ Coulibaly, le défenseur central, ait été "malade", a dit Jodar. Ils n'ont pas su non plus faire l'impasse sur Mahamadou +Djilla+ Diarra, suspendu.
Leur effectif n'a tout simplement pas supporté la comparaison avec celui de la Côte d'Ivoire et ses stars.
L'as des Aigles, Kanouté, a trop discrètement traversé la CAN. Il a bien distribué le jeu, mais sans coups de maître, et n'a marqué que sur penalty, ratant une ou deux frappes contre le Nigeria.
Son coéquipier andalou, Seydou Keita, a tenu son rôle de récupérateur harceleur, mais n'a pas pesé offensivement.
Le seul Aigle ayant volé à son altitude habituelle a été Momo Sissoko, utilisé en piston côté droit, qui va rejoindre la Juventus de Turin.
Mais le Mali n'a pas à rougir d'avoir été plumé à la table des grands, sa demi-douzaine de grands joueurs n'a pas encore 30 ans et l'ambiance dans le groupe est bonne: les Aigles ont les cartes pour se refaire.