Sulley Ali Muntari, 23 ans, le héros du Ghana depuis son but à la dernière minute qui a permis aux "Black Stars" de remporter le match d'ouverture de leur CAN-2008, est un joueur "unique au monde", selon son sélectionneur, Claude Le Roy.
A la veille de jouer sa qualification dès son deuxième match dans le groupe A, jeudi à Accra contre la Namibie, le Français compte beaucoup sur son milieu de terrain technique et surpuissant, taillé sur le même modèle que Mickael Essien.
"Il n'y a pas d'autre joueur comme Sulley (Muntari) dans le monde", s'enthousiasme Claude Le Roy, interrogé par l'AFP. "Je ne dis pas qu'il est le meilleur du monde, ajoute-t-il, mais il a des qualités qui en font un joueur à part. Il est très fort techniquement, et il aime toujours aller au combat".
Ce dernier trait de caractère lui a d'ailleurs valu de recevoir un carton jaune dimanche lors du match d'ouverture contre la Guinée (2-1).
Mais le premier lui a permis de déclencher une frappe lourde et précise, à 30 mètres des buts, dans la lucarne gauche du gardien guinéen, Kémoko Camara, et de tirer son équipe d'un bien mauvais pas.
Ce geste est le propre des grands joueurs, décisifs dans les derniers instants d'un match à fort enjeu. Et en l'absence du capitaine abandonné, Stephen Appiah, blessé et forfait pour toute la CAN, Muntari, comme Essien, cristallise les espoirs des Ghanéens de remporter une cinquième fois le trophée - et de rejoindre l'Egypte dans le livre des records.
"Beaucoup de responsablités"
Car la force du Ghana reposait notamment sur leurs trois milieux de niveau mondial, Essien-Appiah-Muntaritrès complémentaires, et qui avaient soutenu la comparaison avec les entrejeux tchèque, italien et même brésilien (une mi-temps) à la Coupe du monde en Allemagne (2006). Il n'en reste que deux, Muntari et Essien, et l'attente autour d'eux devient plus forte.
Mais Muntari a montré contre la Guinée qu'il ne craignait ni la pression ni les responsabilités, et Le Roy compte sur lui pour atteindre les six points dès le match contre la faible Namibie, balayée 5 à 1 par le Maroc lors de son premier match.
"C'est un joueur très important, comme Essien. Et comme je n'ai pas choisi de remplacer Appiah poste pour poste et que je joue quasiment avec quatre attaquants (Junior Agogo, Asamoah Gyan, Ofori-Quaye), ils ont à eux deux beaucoup de responsabilités. C'est un choix risqué, mais que j'assume. Il nous faut être conquérants si nous voulons gagner la CAN".
Les maillots de clubs européens enfilés par Muntari, classés "moyens-bons", ne lui ont pas permis d'atteindre une grande audience. Il joue aujourd'hui à Portsmouth, un club du deuxième quart du tableau en Angleterre, après avoir commencé en Italie à l'Udinese, le club où joue toujours son coéquipier chez les "Black Stars", Asamoah Gyan, et où il avait effectué un court passage en C1 2004-05. Pour crever l'écran, il lui reste la CAN.